Le décès de Jules Gravereaux – dans la presse française

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Jules Gravereaux est décédé le 23 mars 1916, à son domicile du 4, avenue de Villars. Ses obsèques eurent lieu deux jours plus tard, en l’église Saint-François-Xavier.

 

 

Dans les journaux, plusieurs hommages lui furent rendus…

Avant-hier ont été, célébrées, à midi, en l’église Saint-François-Xavier, en présence d’une assistance nombreuse, les obsèques de M. Jules Gravereaux, ancien administrateur du Bon Marché, officier de, la Légion d’honneur, dont nous avons annoncé la mort.

Bien que, de son vivant, il n’aimât pas la louange et qu’il désirât partir sans bruit, on ne saurait le voir disparaître sans l’accompagner de l’expression du regret unanime des amis des fleurs. Il fut, en effet, l’apôtre des roses. Il les aima en grand seigneur et en artiste. Il leur consacra les années de sa retraite en créant la fameuse roseraie de l’Hay où, sur plus de v1ngt-c1nq hectares, il avait réuni, dans ce coin riant des environs de Paris, et dans un cadre artistique exquis, près de 9,000 variétés de roses, allant de la rose sauvage à la dernière création des pépiniéristes. Dans le même site, il avait groupé en deux musées champêtres tout ce qui avait été écrit en prose ou en vers sur sa fleur aimée.

Là, dans un décor unique, parmi l’enchantement et l’éclosion d’un million de roses épanouies le long des charmilles, des parterres et des plates-bandes, il avait donné, il y a quelques années, une matinée délicieuse, la « Journée de la Rose ». S. A. I. la grande duchesse Vladimir l’honorait de sa présence et l’élite des sociétés s’y était donné rendez-vous. Les artistes les plus fêtées de Paris y apparurent, sur un théâtre de verdure, chacune costumée en sa rose préférée; elles chantèrent ou récitèrent en l’honneur de la Reine des Fleurs. Le comte Robert de Montesquiou y fit, dans un langage digne du sujet et de la journée, l’histoire et l’apologie de la Rose.

M. Gravereaux était également le créateur de la roseraie de Bagatelle, au bois de Boulogne, filiale de l’Hay, et avait reconstitué, dans le parc de la Malmaison, les variétés de roses que cultivait l’impératrice Joséphine.

Maintenant, les roses de ces différents parterres seront en deuil et pencheront leurs corolles, car leur apôtre, leur grand ami n’est plus, et sa tombe vient de se refermer sur lui en simplicité et sans bruit. Mais quand viendra l’époque des éclosions, la rose « France » et la rose « la Victoire » qu’il aimait à cultiver avec un soin plus spécial et une plus grande abondance depuis la guerre maintiendront glorieusement son nom et son souvenir dans le rajeunissement de la roseraie de l’Hay.

Le Figaro, 27 mars 1916.


Les roses de l’Hay penchent leurs corolles. M. Jules Gravereaux, celui que l’on appela « l’Apôtre des Roses » et dont une rosette c’était justice ornait la boutonnière, vient de s’éteindre. La roseraie qu’il avait créée est, comme on le sait, l’une des plus riches qui soient et les 9,000 variétés qui y éclosent embaument l’air de ce joli coin des environs de Paris, qu’un décret officiel baptisa du nom gracieux de l’Hay des Roses.

Le patriotisme aussi y a des racines profondes et aujourd’hui que la plaie est rouverte, dans ce sol arrosé du sang des nôtres en 1870, M. Gravereaux ne voulut plus rien qui rappelât l’ennemi abhorré et résolut de bannir de ses parterres toute fleur d’origine allemande. Chez lui plus de ces mariages hybrides qui, même dans un parfum, devait nous apporter un relent de là-bas. Arrachées les roses Reine Olga de Wurtemberg les « Roi de Bavière », les « Frau Druschki », les« Kaiserin Augusta-Victoria ». Foulées au pied, les « Wilhelm II » qui, par un symbolisme frappant, sont d’un rouge de sang; les « Ferdinand de Bulgarie », d’un jaune de traîtrise.

Désormais, la France — que chez eux, même avant la guerre, ils avaient, ô sacrilège, baptisée « Otto von Bismarck » sera reine des plates-bandes avec pour sœur la rose « Victoire » que l’on voit naître déjà et qui fleurira, hélas sur la tombe de celui qui l’a créée. P. R.

Le Gaulois, 25 mars 1916.
Les Annales politiques et littéraires, 9 avril 1916.


Les obsèques de M. Jules Gravereaux, ancien administrateur du Bon-Marché, ont eu lieu, en présence d’une nombreuse assistance, en l’église Saint-François-Xavier.

Journal des débats politiques et littéraires, 28 mars 1916.


LE GRAND ROSIÉRISTE

La mort de M. Jules Gravereaux met en deuil la petite cité de L’Hay-les-Roses-et, dans le monde entier, tous les amis de la reine des fleurs. C’est que M. Jules Gravereaux n’était pas un rosiériste ordinaire : il était, par excellence, le rosiériste. Il avait voué un vrai culte à la Rose. Son noble domaine de L’Hay était comme un miraculeux autel consacré à la magnifique déesse dont les couleurs et les parfums enchantaient le grand et beau vieillard.

M. Jules Gravereaux préparait la rose de La Victoire : il y travaillait, c’est le cas de le dire, avec amour, surveillant les nombreuses opérations d’un œil exercé, et si soigneusement; dans l’espoir que cette rose serait la plus belle du monde.

M. Jules Gravereaux n’est plus!… La rose La Victoire fleurira ses splendides pétales : il a trop bien préparé sa venue dans la roseraie de L’Hay pour qu’il n’en soit pas ainsi. Et, le jour où les troupes victorieuses défileront sous l’Arc de Triomphe, en souvenir du bon Français de France qui l’avait imaginé nous fleurirons La Marseillaise de Rude des roses de L’Hay, des roses de La Victoire.

La Renaissance, 1er avril 1916.


Jules Gravereaux

Hier ont eu lieu à l’église Saint-François-Xavier les obsèques de M. Gravereaux, ancien administrateur du Bon Marché. M. Gravereaux avait consacré les loisirs de sa retraite à la création de la fameuse roseraie de l’Hay, où sur plus de vingt-cinq hectares il avait rassemblé, dans un admirable cadre artistique, toutes les variétés de roses connues, depuis l’églantine jusqu’à la dernière création des rosiéristes contemporains. Il en avait fait une merveille unique au monde. Prés de là, dans deux musées rustiques, était rassemblé tout ce qui a été écrit et rimé sur la rose, ou à peu près.

M. Gravereaux était le créateur de la roseraie de Bagatelle au bois de Boulogne, filiale de l’Hay. À la Malmaison, c’est encore lui qui par un travail curieux avait reconstitué dans le parc toutes les variétés de roses que cultivait l’impératrice Joséphine. Cet amoureux des roses, qui les aima en grand seigneur et en artiste, s’est éteint dans sa soixante-douzième année. L. C.

Le Temps, 27 mars 1916.


La Société nationale d’horticulture de France (S.N.H.F.) fit également son éloge, Désiré Bois présentant une notice biographique de Jules Gravereaux.