Laure Thuillier

Fille d’Alexis Eugène Thuillier et de Héloïse Philiberte Gautier, Laure Marie Alexandrine THUILLIER naît le jeudi 30 décembre 1852 à Paris.

Elle vient d’avoir 21 ans lorsqu’elle épouse Jules Gravereaux, le 9 août 1873.

Ce serait à elle que l’on doit la carrière de Jules Gravereaux dans le monde des rosiéristes. Sa petite-fille, Hélène Ballu, raconte :

« Jules s’intéressait particulièrement à la photographie et développait lui-même ses clichés dans une chambre noire installée dans une partie du potager. Sa femme lui dit un jour : « Ce n’est vraiment pas la peine de prendre ta retraite à la campagne, si c’est pour rester enfermé toute la journée dans une chambre noire à développer des photographies.  Tu ferais mieux de cultiver des fleurs pour que je puisse faire des bouquets dans la maison ». Ce qu’il fit. Il essaya différentes espèces, dont les œillets … Mais il s’intéressa surtout aux roses et rechercha toutes celles qu’il pût trouver cultivées dans les jardins et chez les horticulteurs. »

En 1900, Soupert et Notting, obtenteurs luxembourgeois de roses, créent une rose et la lui dédient. La rose Madame Jules Gravereaux occupera alors une place importante à la roseraie; pendant fort longtemps, les massifs bordant le grand bassin en étaient composés.

Elle est aussi pour beaucoup dans l’intérêt que Jules Gravereaux porta au théâtre et aux spectacles artistiques. Élevée dans une famille d’artistes – son père fut longtemps trésorier de la Société des artistes dramatiques, elle joue fort bien du piano et participe à plusieurs spectacles familiaux; quant à sa sœur Louise, elle fait une carrière remarquable dans le milieu de l’opérette, aidée par son époux, Louis Leloir, sociétaire de la Comédie française.

Lorsque Jules Gravereaux acquiert, en 1885, l’hôtel particulier de l’avenue de Villars, il fait aménager, au 1er étage, une grande galerie décorée à la japonaise; avec une scène de théâtre et des banquettes pour les spectateurs, un piano à queue, et, à côté une pièce pour les costumes de théâtre. C’est là que Jules Gravereaux et Laure Thuillier donnent de grands dîners et de mémorables soirées costumées auxquels ils invitent, outre leur famille, ces messieurs du Bon Marché et leurs épouses, ainsi que des fournisseurs devenus des amis. Sur la scène de théâtre, Louis Leloir déclame des vers, et Louise Thuillier chante son répertoire.

L’Haÿ, 1915 – Jules Gravereaux et Laure Thuillier

 

À L’Haÿ, Laure s’occupe du personnel et aide Jules Gravereaux à recevoir les nombreux visiteurs venus admirer leur roseraie. Elle le supporte également dans ses efforts pour promouvoir les roses et les roseraies chez les particuliers.

« Tandis que Jules Gravereaux exerce une influence majeure au sein de l’horticulture, son épouse, vice-présidente des dames patronnesses, alimente la sociabilité et parraine en 1913 de nouvelles sociétaires [de la Société française des rosiéristes] : Mesdames Ganne, Depret et Mettetal, qui participent à développer des réseaux multiples dans la capitale. »                                                                Ferrand, Nathalie. Créateurs de roses.

L’Haÿ, vers 1927 – René Gravereaux, Henri Gravereaux, Laure Thuillier et Gustave Laborie

Après la mort de Jules Gravereaux, Laure Thuillier continue à s’occuper de la roseraie; chaque année elle l’ouvre au public, le droit d’entrée étant remis à la municipalité pour ses œuvres d’assistance communale.

Elle poursuit également ses activités parmi les dames patronnesses de la Société française des rosiéristes.

Membre active de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge française), elle est, en 1931, présidente du Conseil des Dames au Comité de L’Haÿ-les-Roses.

Laure Thuillier décède le samedi 2 juillet 1932 à L’Haÿ-les-Roses et ses obsèques y ont lieu, quelques jours plus tard. Elle est inhumée, à côté de son mari, dans la chapelle Gravereaux du cimetière de Montparnasse.