8 juin 1912 – Audition musicale unique

Le Tout-Paris se prépare à venir à L’Haÿ, alors que la Société des Grandes Auditions Musicales de France organise une fête au Théâtre des Roses…

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Le Figaro, 30 mai 1912

 


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1912-06-09 Le Miroir 2Bas de vignette :

« Et voici juin, le mois des roses : tous les rosiers s’épanouissent dans les roseraies dont c’est l’éphémère saison. La Malmaison et Bagatelle sont en pleine floraison et l’admirable roseraie de l’Haÿ, dont le propriétaire fondateur est l’aimable et véritable grand artiste M. Jules Gravereaux, n’a jamais été plus belle ni plus resplendissante. Et c’est précisément aujourd’hui que la Société des Grandes Auditions musicales, sous la direction de la comtesse Greffulhe, doit donner, sur l’incomparable théâtre des roses de la Roseraie de l’Haÿ, un festival où il ne sera parlé que de la rose. Le comte Robert de Montesquiou y fera une causerie. Mme Félia Litvine, dont nous reproduisons ci-dessus le portrait, y chantera du Schumann, et les invités de cette fête poétique auront la joie de visiter ce féerique parc des roses, qui est bien le plus magnifique qui d=soit. Ils y verront ainsi l’histoire rétrospective de la rose, la splendide collection botanique, les somptueuses et lourdes roses de l’Extrême-Orient, la série inestimable des vieilles roses galliques – la fierté de M. Jules Gravereaux qui ne les céderait pour rien au monde – puis les roses nouvelles, les roses de la Malmaison, les roses de Bagatelle ; ils visiteront la Roseraie de Madame ; enfin la nouvelle Roseraie à la Française, la dernière création de M. Gravereaux qui, dans deux ans, sera une véritable merveille horticole. On verra ici quelques coins évocateurs de la Roseraie de l’Haÿ. »

Source : Le Miroir, 9 juin 1912


1912-06-08 - Fête de la Société des grandes auditions musicales 1912-06-08 - Fête de la Société des grandes auditions musicales 1912-06-08 - Fête de la Société des grandes auditions musicales


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« C’est Moréas qui l’a dit et il avait raison : il ne fallait à la Fête de la Rose ni « zéphyr » trop aimable, ni « aquilon » trop cruel; il fallait le temps de la rose, le temps du roi : serein, limpide, léger; avec juste assez de gris dans le ciel pour donner à la poésie des raisons d’être un peu mélancolique avec juste assez de soleil pour que les roses puissent être épanouies. Elles se sont offertes de la meilleure grâce du monde aux regards, aux caresses de tous, dans le jardin, d’un charme recueilli, dont M. Gravereaux a fait un miraculeux sérail de fleurs.

« Le public, un public très choisi, s’était empressé à répondre à l’invitation de la Société des Grandes Auditions musicales, et de sa présidente, Mme la comtesse Greffulhe. Il y avait là, sur les banquettes herbues du Théâtre de verdure, autour du temple grec qu’enlacent des roses grimpantes, dans les parterres où toutes les roses de l’univers échangent leurs coloris et leurs parfums les personnalités les plus éminentes de la société :

« S. A. I. la grande-duchesse Vladimir de Russie, M. Pams, ministre de l’agriculture, comtesse Greffulhe, prince de Chimay, princesse Amédée de Broglie, comtesse de La Béraudière, marquise de Ludre, princesse Pierre d’Arenberg, Mlle de Bethmann, baronne Roger, Mme Waldeck-Rousseau, Mme Henri Hottinguer, comtesse Ghislaine de Caraman-Chimay, baronne Henri de Rothschild, Mme Arthur Meyer, comtesse de Sommyèvre, comtesse de Maupeou, M. et Mme Frantz Wittouck, Mme B. Frischauer, marquise Robert de Flers, comte Greffulhe, comtesse A. de Chabrillan, barons Edmond et Maurice de Rothschild, M. Edouard Weisweiller, comte et comtesse Meunier du Houssoy, marquise et Mlle de Mun, M. Athos Romanos, ministre de Grèce, général Samad Khan, ministre de Perse; comtesse et Mlle de Vaulogé, comtesse Marie de Caraman-Chimay, comtesse de Berteux, comtesse et Mlles Jean de Berteux, prince et princesse Jurjewicz,Mme Henri Fouquier, comte Allard du Cholet, Mlle de Lallemand, marquise de Ludre, comtesse G. de Rohan-Chabot, comte, comtesse et Mlle Marc de Rostang, marquis et marquise de Casa-Fuerte, duc et duchesse de Guiche, duc et duchesse de Noailles, M. Pringué, M. Victor Poznanski, Mme Pierre Delbet, Mlle Jacqueline de Pourtalès, Mme et Mlle Kinen, M. et Mme René Lâra, Mme de Halpert, comte et comtesse Raoul de Montesquiou, duc de Bisaccja, comte Brunetta d »Usseaux, marquise de Pracomtal, comte et comtesse St. de Castellane, Mme Achille Fould, Mme Conrad Jameson, M. et Mme Raoul Mallet, Mme Georges Kohn, comte de Gabriac, M. et Mme A. de Neuflize. prince et princesse de Poggio-Suasa, duc de Gramont, marquise de Jaucourt, Mme Hartmann, princesse Henri de Polignac, marquise de Polignac, Mme et Mlle Ganderax, baronne G. d’Adelsward, M. et Mme Fournier-Sarlovèze, Mme et Mlle Lemaire, comtesse G. de Miramon, Mme Paul Deschanel, baron et baronne Maurice de Croze, comte et comtesse de La Redorte, Mlle Teixeira-Leite, comte et comtesse de Beauchamp, comte de Souza-Roza, M. A. de Fouquières, M. Edmond Hesse, MM. Saint-Hilaire, A. de Radwan, marquise de Saint-Paul, marquise de Dion, comte et comtesse d’Arjuzon, vicomte et vicomtesse R. de Petite-ville, marquis et marquise du Liscoët, comte Fleury, comtesse et Mlle H. d’Yanville, M. et Mme de Saint-Léger, comtesse Hocquart de Turtot, M. Le Roux de Villers, comtesse et Mlle de Leusse, M. et Mme Thors, M. Renault de La Templerie, comte et comtesse de Pange, comte E. de La Morinière Mlle Argyropoulo, Mme et Mlle Gaillard-Lepic;

« Mme L. Cappiello, docteur Nachtel, Mme Claude Garin, prince Alexandre de Caraman-Chimay, prince de Wagrani, M. Jules Roche, Mlle Juliette Roche, Mme Cousino, marquis et marquise de Chaponay, comte O. d’Elva, comte de Souza-Roza, comtesse de Caumont-Marivault, duchesse d’Elchingen, Mme Charles Max, Mme Ramon Fernandez, comte et comtesse Arthur de Gabriac, Mme Henri Simon, M., Mme et Mlle Schlumberger, Mme et Mlle Truelle, Mme Maurice Grimprel, M. C. Frank, comte Pisani, Mme et Mlle Saint-Paul, Mlle Hélène Vacaresco, baronne et Mlle de Baye, Mlle Alexandra Falcagano, Mme Maurice Sulzbach, M. et Mme Marghiloman comtesse et Mlles R. de Pracomtal, marquise de Talleyrand, comtesse de Puységur, M. et Mme Louis Royer, marquise de Casteja, général baron de Sancy, baronne Pierre de Sancy, Mme Moore, comtesse G. Tyszkiewicz, comtesse A. Potocka, M. et Mme Raphaël-Georges Lévi, comtesse de Monti, Mme André de Gournay, Mme Delorme, Mme Delagarde, comtesse de Reviers de Mauny, vicomte et vicomtesse de Reviers de Mauny, Mme Lucien Laveissière, comtesse du Perier de Larsan, comtesse de Legge, etc., etc.

« Et ce fut le pèlerinage de la Rose tout d’abord, la plus jeune d’entre elles, la rose blanche bordée de sang, qui vient d’être primée à Londres et qui porte le nom de la charmante femme du maire de Lyon, Mme Herriot, était présente; son auteur, M. Pernet-Ducher, l’avait envoyée tout exprès de Venissieux, pour que, toute fraîche et sûrement confuse, elle vienne faire hommage de sa beauté à ses sœurs aînées.

« Puis la fête commença, discrète, délicate, avec je ne sais quoi de respectueux et d’attendri dans son atmosphère, qui convenait merveilleusement à son objet. Vous savez combien le goût raffiné de Mme la comtesse Greffulhe excelle à imaginer des cadres expressifs souvenez-vous de Jules César à Orange, celui que lui offrait hier M. Gravereaux était exquis.

« Le comte Robert de Montesquiou parla alors de la Rose; il en parla certes avec subtilité et d’une manière poétique, mais aussi avec passion.

« Et puis, après avoir célébré la fée et le magicien qui évoquaient de si subtils plaisirs, on récita des vers et l’on chanta.

« La voix tendre et si musicale de Mlle Thomsen restitua leur saveur et leur beauté à des poèmes de Leconte de Lisle, de Théophile Gautier, de Jean Moréas et de Robert de Montesquiou; Mme Silvain prêta son éloquence pathétique à la Rose de Leconte de Lisle et à l’Ode à la Rose de Ronsard; enfin Mme Sorel déclama avec les nuances les plus souples et les plus touchantes le Parfum impérissable de Leconte de Lisle, et les Roses de Saadi, de Marceline Desbordes-Valmore.

« Puis, à peine les applaudissements éteints, la musique commença avec la Vie, ou le Pèlerinage d’une Rose. On y voit une fleur qui devient femme et se mue en ange. Et c’est une musique discrète, sentimentale et joliment désuète qui s’harmonisait de la meilleure manière avec le cadre qui lui était offert; un petit orchestre bien stylé par M. Barrau en interprétait la symphonie les chœurs étaient souples les belles voix de Mmes Charny, Chadeigne, Bonnard, de M. Paulet disaient les soli : la Reine des Elfes, la Meunière, ou l’amoureux Max; la Rose, c’était Mme Litvinne, c’est-à-dire le parfum le plus pénétrant devenu la voix la plus belle et la plus troublante.

« Il y avait, cachés dans les branches, des oiseaux que le concert des instruments ne pouvait rendre silencieux ils ne cessèrent leur ramage, surpris, jaloux et ravis, que lorsque la voix de Mme Litvinne s’éleva parmi les ronces fleuries.

« Et l’on s’en fut bien vite revoir encore les roses, toutes les roses, de crainte que le crépuscule venant ne soit aussi leur déclin.

« Autant qu’un jour est long, autant l’âge des roses a duré. »

Robert Brussel. Le Figaro, 9 juin 1912.