En 1905, Jules Gravereaux rencontre les Rosati et se lie d’amitié avec eux. Comme ceux-ci ne disposent pas de lieu de représentation, il décide de faire construire un théâtre de verdure dans la roseraie et de l’inaugurer lors de leur fête annuelle.
Le 17 juin 1906, les Rosati se retrouvent donc à L’Haÿ pour leur Fête des Roses et sur la scène du Théâtre les artistes présentent un conte persan en un acte : Les Rosiers de Zaala.
À cette occasion, Jules Gravereaux offre à ses invités un exemplaire de son livre : La Rose dans les sciences, dans les lettres et dans les arts. Documents pour servir à l’histoire de la rose réunis au 1er mai 1906. Il leur présente également une rose qu’il vient de créer – une Pernetiana – et la leur dédicace en l’appelant Les Rosati.
Source : Fémina, 15 juillet 1906
« En un parc merveilleux, évocateur des splendeurs passées du petit Trianon, sous des tilleuls centenaires, dans l’atmosphère embaumée de la première roseraie du monde, qui ne contient pas moins de dix mille espèces des plus rares et des plus précieuses, M. et Mme J. Graveraux offraient, hier, avec le concours des « Rosati », à une assemblée aussi nombreuse que choisie, une fête qui a dépassé en splendeur les manifestations les plus réussies de tous les « théâtres de la nature ».
Sur une scène admirablement fleurie, en un décor qui était une merveille de goût et de reconstitution pittoresque, nous avons vu défiler tour à tour, dans la partie concert, des artistes tels que Mme Auguez de Montalant, M. Riddez, Mlle Sandrini de l’Opéra, Mlle Harlay, du Vaudeville, M. Ch. Lamy dans ses curieux poèmes en patois picard.
Trois pièces inédites de circonstances, qui toutes trois mériteraient les honneurs des grandes scènes parisiennes, ont reçu du public le plus favorable accueil. Ce fut l’Âme des Roses, une comédie en vers de Mlle Lya Berger, musique de scène de M. Fraggi, brillamment enlevée par Mmes Marcilly et Carmen Deraisy. Ce fut aussi un brillant ballet-pantomime de M. Le Cholleux, musique originale, d’un coloris puissant de l’excellent compositeur Maurice de Villers, le Triomphe de la Rose, qui valut des rappels sans nombre, au mime Georges Wague, à Mmes Sandrini, Régnier, Kubler, Cochin et Schwartz. Mais le véritable régal littéraire de la journée, nous le devons aux beaux vers, aux rimes sonores de notre confrère et ami, le poète Émile Langlade qui, en renouvelant, sous forme d’un conte persan, l’apologue fameux du « ver amoureux d’une étoile », a su, tour à tour, nous faire rire, nous émouvoir et nous attendrir.
L’interprétation des Roses de Zaala était assurée, du reste, d’une manière triomphale, par Mlle Madeleine Roch, la brillante artiste de la Comédie-Française qui s’est surpassée dans un rôle assez difficile de travesti; par Mmes Thérèse Borgos, Jeanne Chatelain, Mlle Marguerite Roch; MM. Albert Dulery et Ch. Pouralle.
En somme, excellente journée pour les « Rosati » qui nous ont prouvé, hier, que c’était parfois du Nord que nous venait la lumière. »
Cabs, Maurice. « Les Rosati – La fête des Félibres du Nord ». Gil Blas, 18 juin 1906.