Lorsqu’au printemps, ses allées et tous ses aménagements sont couverts de roses, la roseraie de L’Haÿ-les-Roses est particulièrement belle et attirante. Les peintres et les photographes y trouvent alors de quoi réjouir leurs yeux et leur passion.
Rien d’étonnant par conséquent à ce qu’elle ait été et soit encore reproduite autant sur des cartes postales. Des collectionneurs ont identifié au moins quatre cents clichés différents, ce qui en ferait l’un des monuments et sites d’origine privée les plus représentés en France (sur le site Internet Delcampe, plus de 2 000 cartes postales de L’Haÿ sont constamment en vente, la plupart illustrant la roseraie). Le cartophile, le rodophile ou l’amateur d’histoire de L’Haÿ-les-Roses pourra donc s’y intéresser… et vouloir les collectionner…
Les cartes postales anciennes que l’on peut acquérir le plus facilement portent la marque de quelques éditeurs nationaux – B.F. Paris (Berthaud Frères) ELD (Ernest-Louis-Désiré Le Deley), ND (Neurdein Frères) –, mais surtout d’éditeurs locaux : Bergeron (tabac), Delencre, Fournet, Girault, Montet, Testard ou Thuillier. On trouvera, selon les cas, des cartes en noir et blanc, sur fond bleu ou sépia, et éventuellement colorisées ; lorsqu’elles ont un dos vert, c’est qu’elles ont été imprimées entre 1914 et 1920. Quelques éditeurs (B.F., Delencre et Fournet) ont regroupé en carnet des cartes en noir et blanc (24) ou en couleur (12).
Certaines cartes retiendront plus particulièrement l’attention du collectionneur et, en premier lieu, les cartes anciennes, à dos non divisé. Parce qu’elles ont été produites avant 1904 (un arrêté du 18 novembre 1903 autorise l’adresse sur la partie droite et la correspondance à gauche), elles permettent de connaître l’apparence de la roseraie dans les premières années du XXe siècle, avant les grandes transformations qui y ont été apportées en 1906 et surtout en 1910. Une partie de ces cartes ont été produites par Girault éditeur à L’Haÿ, mais d’autres ne portent aucune identification spécifique d’imprimeur ou d’éditeur.
Durant les années suivantes, plusieurs cartes postales – au moins quatre séries – ont été imprimées sous la responsabilité directe de Jules Gravereaux ou avec son accord et elles portaient une marque particulière et fort reconnaissable, le nom de la roseraie entouré d’une branche de rosier, la « signature » de l’Haÿ, en sorte pour ces cartes.
L’imprimerie B.F. (Berthaud Frères) a produit une autre série intéressante, après 1914, puisqu’elle mentionne L’Haÿ-les-Roses. Quoique ces cartes ne portent pas le sceau de L’Haÿ, les descriptions indiquées au revers des 24 cartes et leur ordonnancement semblent montrer l’influence de Jules Gravereaux…
Pendant une vingtaine d’années, au début du XXe siècle, la roseraie fut donc abondamment représentée, Jules Gravereaux y contribuant lui-même largement. Après le décès de celui-ci en 1916, ses héritiers – sa femme et ses enfants – n’ont pu, malgré leurs efforts, maintenir la propriété en son état et avec sa magnificence : les grandes réceptions d’antan n’y eurent plus lieu et le public n’y pénétra plus qu’une fois par année. Les cartes postales perdirent alors une partie de leur intérêt…
Bien sûr plusieurs journaux et revues ont présenté, pendant toutes les « années fastes », la roseraie sous de multiples aspects. Mais l’ensemble des cartes postales permet de suivre avec beaucoup plus de précision l’évolution de celle-ci, depuis ses débuts et au fil de ses grandes transformations de 1906 et 1910. Cela en fait un témoignage précieux, voire inestimable.