28 septembre 1964 – Discours de Philippe Gravereaux

Le 28 septembre 1964

Gravereaux, Philippe (OG092a)_wpALLOCUTION DE MONSIEUR PHILIPPE GRAVEREAUX
GÉRANT – DIRECTEUR GÉNÉRAL

Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d’abord à vous remercier tous et très sincèrement, de nous avoir fait l’honneur et bien souvent l’amitié de venir ici pour être aujourd’hui parmi nous.

Permettez-moi de saluer tout spécialement la présence de :

  • Monsieur ARRIGHI de CASANOVA Directeur de l’Expansion au Ministère de l’Industrie, représentant le ministre de 1′ Industrie,
  • Monsieur BELLETESTE Président de la Fédération Nationale des Industries de Lingerie
  • Monsieur DESCHIZEAU Député Maire de CHÂTEAUROUX
  • Monsieur FRAPPAT Maire d’ARGENTON s/CREUSE
  • Monsieur FOSSET Sénateur de la Seine
  • Monsieur FRANCONNET Président du Centre de liaison Interprofessionnel de l’Indre
  • Monsieur LAURY Président de la Section Fédérale des Industries de la Chemiserie
  • Monsieur LAVENANT Sous-Directeur des Textiles et des Cuirs
  • Monsieur LECOINTRE Président de la Chambre Syndicale Nationale des Chemisiers de FRANCE
  • Monsieur PICARD Président de la Chambre de Commerce de CHÂTEAUROUX
  • Monsieur ROTINAT Sénateur Président du Conseil Général de l’Indre
  • Monsieur SAUVAGE Sous-Préfet chargé des questions économiques dans le département de l’Indre
  • Monsieur l’Inspecteur Général VIEUGUE, Inspecteur Général au Ministère des Affaires Économiques

et Monsieur Pierre CARDIN,

tous nos clients, collègues, fournisseurs et banquiers.

Laissez-moi maintenant vous dire quelques mots sur notre Maison, sur les raisons qui nous ont amenés à construire notre nouvelle usine d’ARGENTON et sur ce que celle-ci représente maintenant pour nous. Je vous dirai enfin notre foi dans l’avenir de notre entreprise.

Notre Maison d’abord.

Elle me semble se caractériser par deux traits fondamentaux. C’est une affaire familiale et c’est une entreprise en expansion constante.

Notre liaison est une affaire familiale.

Mon Père l’a fondé en 1910 à BOULOGNE s/SEINE. Aujourd’hui, et avec moi, mes frères et sœurs, mes proches s’efforcent de lui donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est une affaire familiale aussi parce qu’il me semble y régner un état d’esprit exceptionnel : quel que soit notre titre ou notre fonction, nous sommes proches et solidaires les uns des autres.

Notre Maison est une entreprise en expansion constante.

Malgré l’évolution parfois capricieuse de la conjoncture, la progression de nos affaires a été régulière tant dans nos fabrications d’origine que dans celles où peu à peu nous nous sommes 1ancés : articles de grand luxe, articles féminins, articles pour enfants.

Cet élargissement d’activités nous a conduits à déborder de notre cadre originel de BOULOGNE.

C’est ainsi que nous avons été amenés à créer d’abord l’usine dans laquelle vous vous trouvez actuellement, entourée ensuite de trois ateliers dans cette même commune d’ARGENTON. Puis est venu l’acquisition de l’atelier de SAINT-GAULTIER où nous ne fabriquons que des pantalons garçonnets et filles, enfin tout récemment l’usine de la SOUTERRAINE à 70 Kms d’ici, sans oublier un atelier à CLISSON dans la Loire Atlantique réservé à la fabrication d’articles d’enfants et layette.

Pourquoi sommes-nous aujourd’hui à ARGENTON?

Dès 1957, nous avons ressenti la nécessité de regrouper nos ateliers et c’est dans ce but que nous avons acquis un terrain de trois hectares environ, aux portes d’ARGENTON.

La crise en 1958 devait repousser jusqu’en 1962 la mise en route de nos projets,

Ce répit; bien involontaire, il faut l’avouer, nous a permis cependant de préciser notre ligne de conduite.

Nous devions faire face à l’accroissement des demandes, mais nous tenions, simultanément, à profiter de la reconversion que cette notion nous imposait pour améliorer la qualité de notre outil de production : amélioration de la qualité de nos articles et la compétitivité de nos prix grâce à une meilleure productivité — amélioration aussi, et ceci nous a toujours particulièrement tenu à cœur — des conditions de travail de nos ouvrières.

Notre regroupement à ARGENTON nous permet déjà, et nous permettra chaque jour dans les années qui viennent, de suivre le plus étroitement possible cette politique.

Je dois préciser, ici, que BOULOGNE s/SEINE restera notre Siège Social. Notre centre nerveux commercial et administratif, notre atelier création se doivent en effet d’être à PARIS ou dans la région Parisienne pour dos raisons de structure et de fonctionnement et de goût, que vous comprendrez facilement.

Voyons maintenant comment l’usine que vous avez visitée, ce matin, est sortie de terre et comment, aujourd’hui, elle fonctionne.

La décision prise, les plans ont été dressés par notre Architecte, Monsieur BODIN, conseillé et assisté de mon frère. Raymond GRAVEREAUX, Architecte en Chef des Bâtiments Civils et des Palais Nationaux.

Ils ont su comprendre les problèmes complexes nui se posaient à nous, se plier avec 1a meilleure grâce à des adaptations fréquentes et trouver les solutions qui répondaient le mieux à nos impératifs. Qu’ils en soient ici remerciés très vivement.

Ces projets furent soumis ensuite aux différentes Administrations dépendant de la Direction de l’Expansion. Ils ont recueilli leur approbation sans malheureusement être accompagnés des primes que nous escomptions. C’est finalement grâce à la Municipalité d’ARGENTON, que je tiens à remercier à nouveau de son appui, que les problèmes financiers ont trouvé leur solution.

Les premiers travaux de notre usine ont commencé en juin 1963. C’est grâce au sérieux, à l’organisation, à la ténacité de nos entrepreneurs – nous avions tenu à les choisir dans la région — que le planing de construction a été tenu de bout en bout.

Nous avons pu ainsi nous réinstaller aux dates prévues après avoir assumé nous-mêmes l’équipement électrique et l’implantation des machines.

Dès le mois de Juillet dernier, soit treize mois après le début de la construction, le regroupement de nos quatre anciens ateliers d’ARGENTON était réalisé dans la nouvelle usine.

Je voudrais maintenant signaler très rapidement quelques particularités de cette nouvelle usine. Elles montreront combien chaque problème a été analysé puis résolu.

Nous avons des fabrications extrêmement diversifiées. Ceci nous a entraînés à choisir un mode d’implantation le plus souple possible : un immense atelier sur un seul plan. Nous avons dû ensuite réunir sur un seul plan de 3.500 m2, 400 personnes, dans les meilleures conditions de travail possible. C’est pourquoi nous avons étudié tout particulièrement les problèmes d’éclairage, en lumière du jour et en lumière artificielle, les problèmes d’insonorisation et les problèmes d’environnement. Vous avez pu remarquer, ce matin, le cadre dans lequel est implantée notre usine. Les problèmes d’équipement peuvent maintenant être évoqués par deux chiffres : notre parc de 600 machines à coudre — dont 350 pour la nouvelle usine — est composé de matériel dont la moyenne d’âge est inférieure à 5 ans. Ceci, il faut bien le dire, est assez exceptionnel dans notre profession.

Je m’aperçois qu’il me faudrait des heures pour évoquer tous les problèmes que nous avons eus à résoudre, sachez cependant :

  • que nous transformons un nombre considérable de tissus de nature et de qualités différentes (plus de 2.400)
  • que nous sélectionnons, avec la plus scrupuleuse attention, les matières employées.
  • que nous assurons la fabrication d’une gamme d’articles extrêmement variés (plus de 300 modèles)
  • que nous assumons nous-mêmes la formation, le perfectionnement et la promotion de tout notre personnel.
  • que nous gérons notre entreprise par un système mécanographique extrêmement poussé.

Et que, je saute ici — pour abréger — une trentaine de considérations plus vitales les unes que les autres, nous nous présentons sur le marché, par l’intermédiaire de magasins hautement qualifiés, sous les marques :

  • Les chemises et chemisiers PIERRE CARDIN

Monsieur Pierre CARDIN a bien voulu avec deux de ses collaborateurs les plus proches, assister à cette réunion.

Vous connaissez tous le grand couturier Pierre CARDIN dont la renommée mondiale due à son goût et son esprit continuellement renouvelé de création contribue au prestige incontesté et incontestable de la haute couture parisienne.

  • TRIPLEFIL pour la chemise.
  • DIANE et BELLAFIL pour la femme et les jeunes filles.
  • BABYYFIL, HARRYLAND et TIPTOP pour la jeunesse.

Sachez aussi que nous sommes présents sur les marchés étrangers grâce à une série d’accords internationaux.

Maintenant nous disposons d’un outil que nous espérons capable de lutter contre l’âpre concurrence qui règne dans nos métiers, en améliorant nos prix de revient, et nos prix de vente, tout en respectant le principe qui nous guide depuis toujours : la qualité.

En dépit du ralentissement de l’expansion des ventes des articles textiles, ralentissement qu’heureusement nous ne ressentons pas par suite de nos efforts continuels et persévérants de création et de prospection, notre nouvel outil de travail perfectionné et rationnel nous permet d’envisager avec foi et sans restriction l’avenir de notre Maison.

Nos plans s’établissent et se réalisent régulièrement d’une année à l’autre, mais la raison fondamentale qui nous permet d’envisager l’avenir avec confiance et dynamisme, c’est à vous que nous la devons, à vous qui nous témoignez, aujourd’hui, votre intérêt et votre amitié, à vous plus spécialement los 2.000 clients de notre Maison, sans qui nous n’aurions pas de raison d’être.

C’est avec vous tous : clients, fournisseurs, banquiers, personnel, que nous voulons continuer à travailler pour maintenir la place que nous avons prise : la première dans la production des articles de haute qualité.

Merci à tous.