15 juin 1911 – L’Académie des Arts de la Fleur

1J395 1911-06-15 Fête des Artistes de la fleur - Programme a_wp

 

Le 15 juin 1911, c’est au tour des membres de  l’Académie des Arts de la Fleur et des Plantes de venir dans la roseraie de L’Haÿ pour sa Fête des artistes de la Fleur. Visite de la roseraie, conférence d’Achille Cesbron, concert et comédie ont été prévus pour les invités.

 

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Dans son numéro de juin-juillet 1911,
la revue Les Amis de Paris raconte…

Rien de plus charmant que la fête donnée par l’Académie des Arts de la Fleur et de la Plante (que fonda en 1902 l’excellent artiste, M. Achille Cesbron) dans la roseraie de L’Haÿ. Quel cadre admirable que le parc de M. Gravereaux et quelle plume ne faudrait-il pas pour dépeindre la plus belle des roseraies que jamais particulier ait possédée!

Ce particulier est un grand seigneur, qui a dit aux artistes : vous êtes chez vous, venez avec vos amis…. et permettez-moi seulement de leur faire un accueil aimable… ce qui veut dire : je me charge de tout.

Et le théâtre de verdure! Il faut le voir, avec ses sveltes colonnades et le pavillon tout habillé de roses…

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M. Gravereaux est si aimable qu’au printemps prochain, nous organiserons chez lui une fête des Roses pour « Les Amis de Paris ».

C’est sur cette scène, bien appropriée au sujet, que M. Cesbron a fait sur la fleur une conférence pleine de poésie, dans laquelle il a montré qu’un artiste peut être orateur quand il parle de ce qu’il connaît et de ce qu’il aime. » Voici une analyse de cette causerie d’après les notes que nous avons pu prendre.

« L’Art et la Fleur… parallèle et rapport direct entre le rôle heureux des fleurs et la mission de l’art sur l’esprit humain.

L’art est par excellence le culte de la beauté. La beauté est l’harmonie sensible dans le spectacle comme dans les choses, dans les faits comme dans les idées. C’est le bonheur affirmé et visible.

L’art est l’expression de l’individualité animée, émue par une aperception le la condition harmonieuse de l’univers.

C’est ainsi une extension de l’être intellectualisé, c’est-à-dire sensible jusqu’en l’au-delà de sa condition matérielle, et qui tend ainsi à se reconnaître en les choses, à communier en l’universel. C’est l’avènement à la conscience individuelle de son infinitude, le pressentiment de la Divinité.

Les fleurs sont à la fois les artistes et les œuvres d’art du monde végétal; de ce monde végétal qui est l’aîné du nôtre et dont le développement est plus avancé, et qui, vivant parallèlement à nous, montre à l’humanité le chemin de la destinée.

Les fleurs furent pour les hommes les révélatrices de la Beauté plus que la terre, plus que le ciel, plus que les animaux dont nous ne pouvions comprendre la splendeur trop imposante, trop terrible, trop loin de notre condition sereine ou trop près de notre condition d’existence matérielle. Les fleurs furent nos initiatrices, elles nous conduisirent à la conception de Beauté idéale, embrassant toute la vie et toutes les conditions d’existence. Elles sont encore nos conseillères et nos modèles en cette sublime voie.

Elles nous apprennent à être bons, à être beaux, à être meilleurs. Elles nous apprennent le bonheur.

Les artistes sont les fleurs de l’humanité. »

1911-06 Les Amis de Paris (2010-27_003c)_wpLa causerie fut très applaudie. Puis un concert suivit. MM. L. Carembat, A. Cellier, Mme Rosenthal jouèrent et chantèrent quelques mélodies de Martini, Schubert, Bach, Schumann, Couperin, Haëndel. Les oiseaux leur répondaient dans les branches. Mlle Madeleine Duval et M. Jean Baldoni se firent applaudir dans « Le Baiser » de Banville.

M. Jules Gravereaux s’attristait seulement de l’inclémence d’une saison trop hâtive : « Mes roses, disait-il, n’ont bien vécu que l’espace d’un matin ». Mais la magnificence de celles que l’on voyait, contredisait heureusement cette parole pessimiste, et, on en vit assez, par milliers, belles et pâmées sur leurs tiges, pour que cette fête reste inoubliable.